Retour sur le “WUD 2021” à Sophia Antipolis
Ce jeudi 25 novembre 2021 a eu la 17ème édition du World Usability Day, organisé dans le sud de la France par l’association Use Age, avec le soutien de la Telecom Valley.
Comme l’ont rappelé Catherine Bellino et Sophie de Bonis (responsables de la commission UX/CX de Telecom Valley) en Introduction. La Journée Mondiale de l’Utilisabilité est un évènement mondial, qui chaque année s’oriente sur une thématique en lien avec l’expérience utilisateur. Cette année ce n’est pas moins de 5 conférences et 2 ateliers autour de la « conception dans un monde en transformation », qui ont eu lieux au business pôle de Sophia Antipolis mais également en live via des webinaires. Sans oublier le cocktail prévu à la fin des conférences pour continuer à échanger avec les intervenants sur leurs présentations
L’ergonomie et l’UX, des activités transverses
Après un rappel, par Teresa Colombi (Ludotic), de l’histoire de l’ergonomie et de son évolution qui a amené au design service, très présent aujourd’hui dans la pratique de l’UX dans le secteur professionnel. Elle nous a présentée différentes approches pour explorer la question de la conception des environnements numériques de demain.
Nous avons également abordé des concepts comme la morale et l’éthique, du point de vue de la sociologie et de la psychologie, notamment via l’intervention de Jean-Sébastien Vayre (Laboratoire GREDEG, Université Cote d’Azur) et celle de Vincent Giraudon (Orange).
Mais également l’accessibilité et les apports de la prise en compte du Handicap pour la conception de systèmes plus efficient. Avec la présentation de Habib Ragelhassi (Amadeus), ainsi que l’atelier qu’il a organisé avec Suzanne Decreme (Supralog).
Enfin des interventions à visée pratique, en l’occurrence la présentation coanimée par Monika Sukiennik (consultante en stratégie marketing et webmarketing) et Agnieska Grudzien-Niciarz (ComDZ), qui ont rappelées un certain nombre de « Quick Wins » dans un regard croisé entre l’ergonomie et le marketing. Mais également l’atelier de co-conception organisé par Marcela Flores et Norma Cifuentes (Crossknowledge) qui ont proposées une démonstration de co-sketching réalisable en distantiel.
Au vu de l’ensemble des activités qui ont été proposées aux participants de cette édition du World Usability Day, nous pouvons constater le large champ d’application de l’ergonomie et de l’user expérience. Nous voyons également la nécessité de la prise en compte de ces différentes approches pour une conception pertinente, qu’il s’agisse de prendre en compte les tendances du passé ou les spécificités du monde de demain, ou bien encore intégrer des aspects comme l’accessibilité ou l’éthique à nos process. La conception dans un monde en transformation représente un défi pour les professionnels et experts du secteur de l’ergonomie et de l’User expérience.
Des environnements de travail systémique nécessitent une approche holistique
L’un des éléments qui fut le plus commenté au fil des différentes conférences et ateliers fut la prise en compte de l’ensemble des aspects de l’interaction entre l’utilisateur final et ses interfaces. D’une part, comme l’a bien mis en évidence Jean-Sébastien Vayre, parce que le numérique est de nos jours nécessairement pervasif, et nos médias digitaux communiquent en permanence les uns avec les autres. Mais également, comme le rappelle Teresa Colombi, parce qu’une approche ergonomique de l’interaction humain machine nécessite non seulement de prendre en compte les facteurs inhérents à l’utilisateur et à l’interface, mais également aux aspects environnementaux, aux différents acteurs évoluant autour de cette interaction et au process global dans lequel s’inscrit l’activité. Surtout si l’on considère que les utilisateurs futurs sont très différents de ceux d’aujourd’hui, du point de vue des capacités et des connaissances sur le numérique, et qu’il nous faudra concevoir des interfaces aussi performantes pour ces utilisateurs surexposés aux stimuli et aux numérique, que des interfaces efficientes pour les utilisateurs moins en phases avec les évolutions dans la manière d’appréhender le numérique. En partant de ce postulat, les rappels de Monika Sukiennik et Agnieska Gruudzien-Niciarz sur les apports du storytelling pour améliorer les parcours utilisateurs semblent être une solution pertinente.
Prendre en compte les capacités et connaissances de l’utilisateur présente de multiples avantages. Par exemple, proposer des solutions adaptées à un handicap perceptif, moteur ou cognitif, peut amener à concevoir des solutions plus efficientes pour tous. D’une part le recours à des atelier comme « l’empathy lab » proposé par Suzanne Decreme, permet de plus facilement se mettre à la place d’un utilisateur souffrant d’une vision déficiente, de trouble du type DYS, ou encore avec des atteintes liées à l’âge comme Parkinson. D’autre part le recourt à ces ateliers visant à se mettre à la place d’utilisateurs spécifiques a, comme l’a exposé Habib Ragelhassi, déjà permis de générer des innovations, surtout du point de vue de l’efficience, qui sont actuellement utilisées par tout type d’utilisateurs.
De plus un monde sujet aux transformations amène également des changements en termes de pratiques, notamment du point de vue de l’utilisation des données comme l’a mis en évidence Vincent Giraudon lors de son intervention sur l’éthique et l’intégrité pour la conception. Un discours qui est à mettre en lien avec la présentation de Jean-Sébastien Vayre sur la question morale relative aux informations que l’on peut trouver et partager sur internet, et surtout sur l’impact des mécanismes persuasifs, qu’il s’agisse d’interfaces gamifiées ou bien de ciblage de l’information via des données utilisateurs. Il semble donc nécessaire de toujours garder en tête ce questionnement, lors de notre propre navigation numérique aussi bien que lors de phases de conception.
Mais cela apporte également des changements dans les outils que l’on peut utiliser comme lors de l’atelier de co-sketching de Marcela Flores et Norma Cifuentes, qui nous ont proposé d’utiliser une activité de maquettage collaboratif en utilisant à la fois des support papier et digitaux.
Que retenir de ce World Usability Day de Sophia Antipolis ?
Comme nous l’avons déjà sous-entendu, la compréhension et l’adaptation à un monde en transformation nécessite le recours à nombre de matières et d’approches différentes et pourtant interconnectées, de même que les méthodologies et les outils qui sont et seront utilisés pour les appliquer. A l’image de l’organisation de cette édition de la journée mondiale de l’utilisabilité, qui fut accessible également à distance grâce à une retransmission synchrone et asynchrone des conférences, qui a permis aux personnes n’ayant pu être présentes d’interagir avec les intervenants.
Si vous avez manqué l’événement et souhaitez visionner le WUD 2021 en replay, cliquez vite sur la vidéo ci-dessous !