Le Web3, vers un environnement numérique décentralisé

L’émergence du Web3 (ou web 3.0) est là, et il est temps de décoller avec lui ! Imaginez un monde où la sécurité des données est renforcée. Un web où vous êtes le vrai propriétaire de votre contenu et où les interactions économiques et sociales sont améliorées. Ce monde a un nom, c’est le Web 3.0.

En bref, nous parlons de modifier en profondeur le web que l’on connait. Le but est d’apporter aux utilisateurs une expérience qui s’adapterait à leurs habitudes. Cela grâce à l’appui des technologies émergentes telles que l’intelligence artificielle (AI) et le machine learning.

Par ailleurs, le Web3 souhaite aussi se démarquer du Web2 par plus de libertés. Pour les utilisateurs, une meilleure propriété des données et du contenu créé, ainsi qu’un accès libre aux services numériques proposés. Nous sommes encore au stade embryonnaire de ce processus, peu d’applications grand publiques sont accessibles. En revanche il existe de nombreux proof of concept à essayer pour se faire une idée de son potentiel.

Comment sommes-nous arrivés à l’ère du Web3 ?

Pour mieux comprendre cette transition, intéressons-nous à l’émergence du Web.

Web 1.0 « Hello world ! »

Internet a vu le jour en 1989 avec Sir Tim Berners-Lee. A l’époque, les utilisateurs avaient des actions relativement limitées. Ils ne pouvaient que consulter du contenu, afficher de l’information, et communiquer simplement au travers des mails/chats/forums.

Le Web 1 était statique, les pages web ne permettaient pas la modification de données ou le téléchargement de fichiers. Cela limitait ainsi l’interaction réelle entre le contenu et les utilisateurs.

Web 2.0 ou les débuts du web interactif

Le début des années 2000 est marqué par une profonde évolution d’internet. Avec la possibilité pour les utilisateurs de créer du contenu et de le partager. C’est l’avènement des réseaux sociaux et de l’économie basée sur les données qui découlent d’une adoption massive de la technologie.

Le contenu créé par les utilisateurs est publié sur des plateformes en ligne centralisées. Ces plateformes collectent les données personnelles et les exploitent pour développer leurs activités commerciales. La revente des données des utilisateurs devient ainsi une source de revenu majeur pour les industries du web.

Mais des problèmes apparaissent tels que :

  • Le monopole des services et des données par quelques entreprises qui exercent une influence forte sur leurs concurrents.
  • La collecte et l’exploitation des données personnelles ainsi que du contenu créé par les utilisateurs en ligne par quelques entreprises. Leur business model est entièrement tourné vers une économie de la data sans limite. Les informations les plus intimes y sont collectées et parfois au détriment des utilisateurs même.
  •  Le contrôle du contenu publié qui peut être arbitrairement modéré, voire complètement supprimé selon le bon vouloir de la plateforme.

Et des problèmes !

De nombreux scandales ont éclaté par rapport à ces pratiques. Nous pouvons en nommer quelques-uns à titre d’exemples.  Plusieurs utilisateurs ont vu leurs comptes être clôturés de manière abusive (censure). Des révélations ont aussi prouvé que les plateformes collectaient de nombreuses données personnelles sans le consentement éclairé des utilisateurs (confidentialité). Ou bien que les créateurs d’applications mobiles doivent s’affranchir de frais importants pour être listés sur les plateformes d’application. Et ils sont obligés de respecter des règles qui nuisent directement au développement de leur business (monopole).

Ces nombreux problèmes ont permis d’une part de savoir que l’on était dépendant des services proposés par quelques acteurs. D’autres part qu’on ne pouvait pas leur accorder une pleine confiance du fait qu’ils agissent pour leurs intérêts personnels. De ce constat est née la volonté de faire évoluer internet. En rendant Internet plus accessible, plus libre, plus communautaire, et plus respectueux de la vie privée. L’émergence du Web 3 est née de cette volonté.

Web3

L’émergence du Web3 survient avec la technologie blockchain a proposé les premiers cas d’usage d’un internet décentralisé. Gavin Wood, le cofondateur d’Ethereum et de Polkadot a commencé à définir le Web3 au travers de la Web3 foundation. Le Web3 se construit actuellement grâce à des technologies peer to peer. Afin de construire l’architecture qui accueillera l’internet de demain, et permettre un internet plus libre et plus respectueux,

Tableau récapitulatif de l'évolution d'internet jusqu'au web3
Bref récapitulatif de l’évolution d’internet (Source: Binance Academy : Ce qu’est le Web 3.0 et pourquoi c’est important)

Plusieurs grands principes définissent actuellement le Web3 :

La décentralisation du réseau 

Le problème du Web 2.0, c’est la centralisation des infrastructures réseau, du traitement des informations, des services et par conséquent, du pouvoir. Le Web3 répond à cette problématique en proposant une architecture réseau décentralisée. Pour faire fonctionner le réseau sous le principe du peer to peer. Chaque contributeur au réseau possède un droit de vote qu’il pourra utiliser lorsqu’une action sur le réseau doit être décidée.

De manière très schématique, le réseau est conçu pour qu’il appartienne aux utilisateurs. Donc tout individu peut contribuer à renforcer le réseau en devenant un nœud (sorte de serveur). Plus il y a d’individus qui contribuent au réseau, plus celui-ci devient solide.

Favoriser un accès sans restriction aux services (permissionless) 

Grace à la décentralisation du réseau, il devient alors simple d’héberger une application. Car il n’y a plus besoin de passer par un tiers. Cela rend aussi le réseau plus résistant à la censure. On ne s’adresse plus à un acteur central mais à une myriade de contributeurs. Il devient par exemple impossible pour une autorité de bloquer l’accès des services à ses citoyens.

Le Web3 est conçu pour encourager la communication et la collaboration entre les différentes plateformes construites sur son infrastructure. Cela créer ainsi un écosystème plus connecté et cohérent. On parle d’interopérabilité, car toute plateforme peut interagir librement avec une autre plateforme. Peu importe l’écosystème ou le réseau auxquels elle appartient. De plus tout utilisateur peut accéder aux différents services proposés sur le réseau sans restriction.

Pour finir, les données partagées sur le réseau Web3 sont publiques. Ce qui laisse l’opportunité de les analyser en accès libre.

Interagir en toute sécurité sans devoir faire confiance (Trustless) 

Les services actuels fonctionnent parce qu’il existe des tiers de confiance pour contrôler les transactions entre deux individus. Mais lorsque ce tiers de confiance est corrompu, la confiance est brisée. Et les individus se retrouvent bloqués pour échanger entre eux. Ils doivent passer par d’autre structures en espérant qu’elles ne soient pas non plus corrompues… Le Web3 propose de remettre la confiance au centre des échanges en remplaçant les tiers de confiance par des contrats intelligents (smart contracts). Ces contrats sont codés pour exécuter des actions précises à condition de remplir les critères requis.

Garder le contrôle et la confidentialité de ses données 

Le réseau met un point d’honneur à protéger les données des utilisateurs en utilisant des systèmes de cryptage. Seul celui qui possède ses données peut y accéder. Si une entité, comme une plateforme souhaite accéder aux données des utilisateurs, elle devra leur en faire la demande en précisant de quelles données elle a besoin. Etant donné que tout est auditable  publiquement sur le Web3. Il sera aisé de vérifier si un acteur ment et collecte plus de données qu’il ne le devrait.

Tableau comparatif des différences entre le Web2 et le Web3
Différences entre le Web2 et le Web3 https://cryptoast.fr/web-3-version-decentralisee-internet/

Quelle volonté derrière le Web3 ?

L’évolution des réseaux est, nous l’avons vu, déjà en marche. Et il est important de comprendre les raisons de ce changement. A savoir, que le but principal est de s’affranchir des monopoles existants en développant un web autogéré. C’est à dire que chacun pourrait contrôler ses données et échanger librement, sans restriction particulière. La disparition progressive des contrôles, de la censure et l’autogestion des données illustrent cette volonté. Il est temps d’explorer ce nouveau mode d’interaction avec les réseaux.

En somme, le Web3 marque une évolution majeure dans le monde numérique. L’autonomie, la transparence et le libre échange de données sont au cœur de sa conception. Ce nouvel écosystème ouvre de nouvelles perspectives et usages. Ce qui impactera sans aucun doute les comportements des utilisateurs dans leur utilisation du web.

Auteurs/Autrices

  • Pierre Denis

    User Researcher, UX Designer - Après quatre années d’expérience en qualité d’ergonome généraliste, sa curiosité a poussé Pierre à préparer une nouvelle spécialité en design d’expériences utilisateurs digitales. Son but, relever les nouveaux défis proposés par le monde du numérique.

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  • Walid Abdelkefi

    User Researcher, UX Designer - Issu d’un parcours en Psychologie mention Ergonomie cognitive des technologies numériques, Walid utilise ses connaissances acquises au fil des années à travers sa démarche méthodologique et les prototypes qu’il réalise dans ses projets. Ayant une approche éclectique, il s’intéresse à différents domaines technologiques et questionne toujours sa vision afin de prodiguer l’expérience utilisateur la plus optimale selon le contexte et les besoins utilisateurs.

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  • User Researcher, UX Designer - Issu d’une formation en psychologie et ergonomie, Arthur s'intéresse tout particulièrement à la conception d’interfaces centrées utilisateur, qu’il s’agisse de proposer un design, d'optimiser la performance, l’efficience ou la jouabilité. Il se positionne principalement sur les avantages et les risques liés à l’utilisation des NTIC, et sur la persuasion technologique. Il privilégie pour cela une approche systémique et holistique, intégrant toutes les composantes de l’expérience utilisateur.

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